Séismes : quand l’homme fait trembler la terre

Mines, carrières, forages et géothermie profonde provoquent des séïsmes, enquête :

https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-15-fevrier-2020

France Inter – Secrets d’info (le 15-02-2020) –  » En Alsace, en Ardèche et dans les Pyrénées-Atlantiques, l’activité humaine est soupçonnée de contribuer aux tremblements de terre. Les experts redoutent des séismes plus importants à venir. … Retour sur trois lieux emblématiques où l’homme pourrait avoir déclenché des tremblements de terre.  »

Séisme de Strasbourg, en Alsace : un forage de géothermie sous surveillance

Le 12 novembre 2019, un séisme d’une magnitude de 3,1 sur l’échelle de Richter a été ressenti près de Strasbourg. Cette fois, c’est la géothermie profonde qui est potentiellement en cause. La géothermie consiste à récupérer la chaleur émise par la Terre pour se chauffer ou produire de l’électricité. Selon les spécialistes, la géothermie profonde à 5 000 mètres de profondeur est plus risquée que les autres. « À partir de ces profondeurs, on entre dans ce qu’on appelle la zone sismogénique naturelle, où peuvent se produire des tremblements de terre importants, explique Jean Schmittbuhl, directeur de recherche au CNRS à l’université de Strasbourg. Plus on va en profondeur, plus on augmente le risque.« 

« La géothermie profonde provoque de la microsismicité induite à des niveaux faibles, estime Xavier Arnoult, responsable de la géothermie à la DREAL (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) dans le Grand Est. Notre but est justement d’essayer de la contrôler, de la surveiller et de pouvoir agir en conséquence. » Un arrêté préfectoral prévoit l’arrêt immédiat de la géothermie profonde, dès qu’un séisme supérieur à 2 est détecté. C’est ce qui s’est passé le 12 novembre 2019.

Un « essaim sismique »

Selon plusieurs sismologues, le site de Vendenheim-Reichstett exploité par la société Fonroche pourrait être à l’origine de ce séisme. Dans un rapport rendu le 20 novembre 2019, le groupe de travail de l’Institut national des sciences de l’univers (INSU) estime que le séisme du 12 novembre « est très probablement la conséquence mécanique » d’un « essaim » de sismicité provoqué cinq kilomètres plus au nord par l’activité géothermique de la société Fonroche.

« Plus d’une centaine de tremblements de terre d’une magnitude plus faible ont été enregistrés dans cette zone-là, relève Jean Schmittbuhl. Nous sommes maintenant sûrs que cela a démarré dans la nuit du 6 au 7 novembre pendant une période d’activité de tests hydrauliques sur le site de Fonroche. C’est un élément de coïncidence fort. » « Cette surpression d’eau a migré un peu plus loin, et c’est dans cet essaim sismique secondaire qu’est apparu un séisme un peu plus gros, ajoute Pascal Bernard de l’Institut de physique du globe de Paris. Il a probablement eu lieu sur une faille préexistante connectée à la zone où se situe le forage de Fonroche.