La Cominor déclare préparer le renouvellement de son permis de « recherches » de Villeranges

dominique-delorme-mine-d-or-en-creuse-cominor_2132016Interview  de Cominor-La Mancha

France Bleu Creuse, 4 mai 2016

Fin Mars, Cominor-La Mancha à été contrainte de renoncer à ses travaux de forages à Lussat, et ce, grâce à l’opposition des citoyens !

Pourtant la multinationale déclare aux médias vouloir quand même faire renouveler son titre minier cet été et s’agrippe  au permis minier de Villeranges qu’elle considère comme :  << l’actif le plus intéressant, en matière de mines d’or, en France, à l’heure actuelle >> !

les travaux de forages n’ont jamais débuté et l’accord de la préfecture, qui permettait à la  société de forer,  n’était valide que jusqu’au 31 mars 2016.

La lutte pèse de tout son poids sur le projet minier qui s’enlise !

Ils pensaient forer comme dans du beurre, les pilleurs de sous sol, se réjouissant de faire de ce projet creusois : « un très bon laboratoire sur le plan environnemental, réglementaire et sociétal ». Il faut dire que dans les années 1980, à Lussat, les prospections n’ont suscité aucune curiosité, malgré 9 ans de recherches sur le même site, les miniers pensaient sans doute qu’une fois de plus, les cobayes resteraient muets !

En 2012, un gouvernement dit « socialiste » intensifie la relance de l’industrie minière, sous couvert d’indépendance énergétique et d’éternelle « croissance ». Dans un département rural comme le nôtre, où les agriculteurs ne sont plus garants de l’autonomie alimentaire de leurs voisins, pris à la gorge par les directives de l’industrie agro-alimentaire, où les villages sont désertés par manque de services de proximité, où les collectivités sont entraînées dans une gestion libérale des biens communs, il était un peu crédule de penser que venir porter un énième coup au territoire n’allait susciter aucune résistance !

Les creusois ne se sont pas laissés duper par la « verroterie » déballée par les industriels : « Vous êtes riches, vous avez de l’or sous vos pieds ! », « nous allons développer la dynamique économique du territoire, remplir vos hôtels, consommer dans dans vos magasins », etc… Bien tenté, cela aurait pu prendre. Ils avaient juste oublié de mentionner les dommages collatéraux : santé publique, environnement, spoliation des terres agricoles, etc…

Les hypothèses pouvant justifier le recul de la Cominor :

Épine 1 : Les propriétaires des terrains convoités ont refusé les forages profonds et ils sont aujourd’hui majoritairement opposés au projet de mine. (n.b. : Le seul moyen pour la Cominor de forer serait d’obtenir, de la préfecture, une déclaration d’utilité publique, permettant soit de forcer l’occupation temporaire des terrains privés, soit l’expropriation pure et simple des propriétaires).

Épine 2 : depuis septembre 2015, suite à l’arrêté préfectoral autorisant la seconde phase de travaux liée au permis exclusif de « recherches », de nombreuses collectivités de la Creuse et de l’Allier ont officiellement manifesté leur opposition à ce projet sur le territoire.

Épine 3 : StopMines23 et Sources et Rivières du Limousin ont déposé un recours au tribunal administratif en octobre dernier visant à contester les forages en pleine vallée de la Voueize, annoncés par la déclaration d’ouverture de travaux déposée par la Cominor en juillet 2015. Mais attention, sur ce point, ne pas demander le renouvellement de la demande de travaux rend immédiatement « sans objet » le recours administratif, ce qui au final avantage la compagnie minière, qui pourrait très bien déposer un nouveau dossier de demande de travaux de forages !

Prochaine date importante : la Cominor a jusqu’au 17 juillet 2016 pour déposer un dossier afin de renouveler le P.E.R. de Villeranges (qui lui avait été accordé le 18 novembre 2013, pour une durée de 3 ans).

Enfin, Cominor-La Mancha est occupée par l’acquisition de nouvelles mines en Afrique, pour mémoire ils sont présents en Côte d’Ivoire, Mali, Ghana et Burkina Faso. Sacha Mendel a été recruté pour prendre en main la communication de La Mancha. Ce conseiller en communication, chien-chien de guerre médiatique, est surtout connu pour avoir orchestré les campagnes de désinformation du ministère de la Défense, qui ont accompagné la guerre au Mali (2013) et en Françafrique.

16 avril montessus guyanais

Malgré tout, la pression des miniers reste forte. Si le 31 mars dernier, la Cominor n’a pas demandé à renouveler l’autorisation de forages profonds, cela ne signifie en aucun cas que la Creuse ne sera jamais minée ! Le sous sol creusois contient des minerais qui susciteront sans cesse l’avidité des industriels. Le gouvernement français et ses folles solutions de développement ne nous garantissent aucune sérénité à court, moyen ou long terme. Une réforme du Code minier est en cours depuis 2013, et nous ne pouvons que redouter l’ensemble des règles à venir, qui ne laisseront pas plus de place (voire moins !) aux citoyens et aux élus des territoires concernés.

Le temps des miniers n’est pas le nôtre. Les spéculations sur le gisement de Villeranges sont déjà en cours ; ils attendront patiemment leur heure, dans des conditions plus favorables, ou simplement avec des méthodes plus agressives, ou plus perfides, comme cela se passe dans d’autres départements.

Il ne faut pas s’arrêter au mot d’ordre « Cominor dehors ! », mais c’est l’ensemble de la machine capitalo-extractiviste qu’il faut repousser. Et pour cela, nous devons ouvrir collectivement les yeux sur nos modes de consommation et ne pas nous laisser piéger par la perpétuelle recherche de croissance.

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