Avis sur la demande de Permis Exclusif de Recherches de gîtes géothermiques à haute température dit « Permis Combrailles-en-Marche »

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http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/demande-de-permis-exclusif-de-recherches-de-gites-a1698.html

En préambule nous ne pouvons que regretter la manière choisie pour mettre en œuvre la participation du public au regard d’un tel projet. En effet cette consultation par voie électronique est quasiment confidentielle : aucune commune n’a été prévenue, aucun habitant du territoire concerné n’a pu bénéficier d’une quelconque information sur le projet, aucun affichage n’a été mis en place …

Cette confidentialité devient choquante quand on sait que le permis exclusif de recherches demandé par la société TLS géothermics concerne une zone d’une surface de 805 km² et un nombre élevé de communes : 63 communes sont concernées partiellement ou en totalité par cette demande de PER.

31 communes dans la Creuse :   Auge, Bord-saint-Georges, Boussac, Boussac Bourg, Budelière, Chambonchard, Chambon -ur-Voueize, Charron, Evaux-les-Bains, Fontanieres, Gouzon, La-celle -sous-Gouzon, Lavaufranche, Lepaud, Leyrat, Lussat, Nouhant, Reterre, Rougnat, Saint-Julien-la -Genete, Saint Loup, Saint Pierre Le Bost, Saint sylvain Bas le Roc, Saint Sylvain-sous-Toulx, Sannat, Soumans ,Tardes, Toulx-Sainte-Croix, Trois Fonds, Verneiges, Viersat.

26 communes dans l’Allier : Archignat, Arpheuilles-Saint-Priest, Chamberat, Durdat-Larequille, Huriel, La Celle, La Chapelaude, La Petite Marche, Lamaids, Lavault-Sainte-Anne, Lignerolles, Marcillat-En-Combraille, Mazirat, Neris-Les-Bains, Premilhat, Quinssaines, Ronnet, Sainte-Therence, Saint-Fargeol, Saint-Genest, Saint-Marcel-En-Marcillat, Saint-Martinien, Saint-Sauvier, Terjat, Treignat, Villebret.

6 communes dans le Puy-de-Dôme : Ars-les-Favets, Bussières, Château-sur-Cher, Pionsat, Saint- Hilaire, Saint-Maurice-Près-Pionsat.

Aucune de ces 63 communes n’a été informée de la mise en place de cette consultation par voie électronique, sur le site internet du ministère de l’environnement.

Comment les habitants du territoire pourraient répondre à une telle consultation, étudier un tel projet, en mesurer les risques et les enjeux, sans avoir été informés en amont !

Ensuite, les documents mis à disposition indiquent que la recherche a pour but la définition d’une zone de forages pour réaliser une centrale de production électricité ou/et de chaleur. Mais la notice d’impact se contente de décrire l’existant, et ne détaille en aucun cas les risques exacts que pourrait causer une exploration en profondeur du sous sol et quelles techniques précisément seraient utilisées pour la réalisation de tels forages.

Enfin, nous déplorons l’absence d’une réelle étude d’impact sur l’environnement, réalisée par un prestataire indépendant du pétitionnaire !


En dehors des procédures précédemment décrites, qui ne permettent pas à la population d’émettre un avis éclairé, l’association Stopmines23 tient à souligner les éléments suivants :


1- Les forages profonds font courir des risques de pollution importants pour les 11 aquifères et sous aquifères répertoriés sur le permis (référentiel BRGM – BDRHF V1) :

  • 309g1 Cher / région de Montluçon

  • 611n Massif central / Marche a l’est de la creuse

  • 611o Marche au sud de la petite creuse

  • 611p gneiss d’Aubusson a l’ouest du cher

  • 611f massif central nord / gneiss d’Aubusson a l’est du cher

  • 660d massif granitique de Guéret

  • 660e massif granitique de Guéret nord est

  • 669c massif granitique de Montmarault ouest

  • 700d bassin viséen de Chambon sur voueize

  • 700e bassin viséen de Chateau sur cher

  • 701b bassin tertiaire de Gouzon

2/De même, les forages profonds peuvent porter atteinte à deux importantes masses d’eau souterraines :

3/La méthode dite de « stimulation chimique », employée en géothermie profonde et qui consiste à « élargir » les ouvertures de la roche par dissolution des remplissages et altérations hydrothermales (injection de stimulants chimiques) va à l’encontre de la protection de nos aquifères et masses d’eaux souterraines !

4/Dans de nombreux cas, la géothermie profonde a recours à la technique de fracturation hydraulique de la roche. Nous sommes par ailleurs bien conscients que, dans le but de rassurer le public, les sociétés exploratrices ont choisi d’utiliser les termes de « stimulation hydraulique » au lieu de « fracturation hydraulique ».

Les essais réalisés lors de la création de la centrale géothermique de Soultz-sous-Forêts attestent de l’utilisation de la technique de fracturation hydraulique :

Thèse – Institut Polytechnique de Lorraine – Pascal Audigane – Caractérisation microsismique des massifs rocheux fracturés – Application au concept géothermique de Soultz

Activité microsismique et mouvements asismiques induits par des injections forcées d’eau – Francois Henri Cornet; Institut de Physique du Globe de Strasbourg

5/ Les risques sismiques sont élevés, ils sont associés à la fracturation. A Bâle, en Suisse, un séisme a atteint 3,4 sur l’échelle de Richter, assez pour être ressenti par la population et provoquer des dégâts. A Soultz-sous-Forêts, le plus important a été de 2,9.

Les EGS : une méthode d’exploitation géothermique généralisée pour les températures de 130 à 180° C – Sylvie Gentier

6/ Le rendement en électricité de la géothermie profonde est dérisoire (environ 10{86109fcefb9d5fbf2092dbb1701a32b0efbb9d053e27c85c00bc43ee4b9e74d0} ). Sur le site pilote de Soultz : 1,5 MW par an d’électricité produite pour 13 MW de chaleur !

7/ Pourquoi développer cette énergie, l’une des plus chères, la moins rentable, qui demande des investissements très lourds (80 millions d’euros pour 1,5 MW à Soultz-sous-Fôrets !) ? Pourquoi permettre la mise en place d’une industrie lourde, utilisant des produits chimiques et des procédés portant atteinte à l’environnement ?

Impacts environnementaux potentiels liés à la géothermie profonde RAPPORT FINALPar Roxane Lavoie -Michel Malo -Jasmin RaymondInstitut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ) – 2015

Effectuer des forages profonds n’est pas sans conséquence, ils peuvent compromettre la ressource en eau et entraîner des risques sismiques. La façon dont est présentée la demande de PER de TLS Géothermics ne permet pas à la population concernée d’appréhender le sujet convenablement et de donner son avis : l’information et la participation du public n’est pas à la hauteur du projet. Enfin, la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas, il serait donc souhaitable de travailler en ce sens plutôt que de mettre en place des projets non maîtrisés et risqués.

C’est à la lumière de tous ces éléments que l’association Stopmines23, qui assure une veille contre les projets extractifs et informe de leurs conséquences pour les populations et leur environnement, émet un avis défavorable à cette demande de permis et s’oppose à la géothermie profonde.


Sources :

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